De l'éthique en politique

La vie politique est parfois traversée de soubresauts. D'autres fois, ce sont de véritables tsunamis qui emportent tout sur leur passage.

Alors, aujourd'hui, notre démocratie est-elle malade ? Oui, disent les populistes avec le fameux "tous pourris". Or, ces derniers ne sont pas non plus exempts de tout reproches en la matière, loin s'en faut. Non, disent les démocrates, car 99% des élus sont honnêtes et font le job pour lequel ils ont été élus. Ce qui est navrant dans l'affaire Cahuzac, outre qu'elle jette l'opprobre sur la classe politique, c'est qu'un ministre ait menti effrontément, droit dans les yeux, face aux Français pendant 4 mois. Aux États-Unis, le parjure est plus fort, plus condamnable, que le délit lui-même !

Est-ce une victoire de l'indépendance de la presse, pour autant ? Médiapart apparait comme le grand gagnant de l'affaire. Ce qui n'est pas faux, mais pas totalement juste non plus. Les journalistes ont aussi fait du business en sortant cette affaire par épisodes, comme un feuilleton des journaux du XIXème siècle. Il ne s'agit pas non plus d'une investigation, mais d'une information issue d'une dénonciation. Je ne suis pas certain que le journalisme en soit grandi, comme le dit fort justement J.-F. Achilli de RMC.

Dans tout ce chaos, seule notre fragile République est atteinte. Elle est prise dans un étau, entre les extrêmes qui vont appuyer là où ça fait mal afin de rallier les électeurs perdus, et les moralisateurs, ces terroristes intellectuels de gauche, qui vont encore nous abreuver de leurs discours. Mais moi, je me rappelle du célèbre "responsable mais pas coupable" de la gauche bien pensante. La réaction présidentielle, toute de colère, est bien trop tardive et ne peut plus à elle seule condamner la faute extrêmement lourde d'un membre de son gouvernement. Il semble que François Hollande vient d'engager le processus de la dissolution. Je vous laisse imaginer s'il s'agit de celle du PS, du gouvernement ou de l'Assemblée Nationale !

"Nulle raison ne pourrait justifier le mensonge", Anton Tchekhov