14 Mai 2010
« Une petite rébellion de temps en temps, c’est comme un orage qui purifie l’atmosphère .»
Cette citation de Thomas Jefferson s’applique tout à fait à l’ambiance de ce conseil raté, pour le Maire, du 10 mai.
Il a dû convenir que le budget 2010 ne pouvait être voté en l’état, du fait de l’action coordonnée de l’opposition qui n’a pas accepté de se coucher face à son diktat : il refuse de nous transmettre les documents confirmant l’accord de prêt de 22 millions €.
Donc, il s’est fendu d’un discours habituel sur les responsables de la situation budgétaire, sur l’Etat, sur l’EPA et sur l’opposition. Bref, nous sommes tous les méchants qui empêchent l’édile de faire n’importe quoi. Les enfants gâtés n’ont pas d’autres formes de réactions : ils trépignent quand on leur refuse leur jouet.
Il ne faut pas se tromper de combat et je me félicite de l’action individuelle de l’opposition, chacun selon ses valeurs, avec un résultat collectif. Le Maire doit comprendre « qu’il n’a pas le monopole du cœur » des Buxangeorgiens, pour reprendre l’expression d’un Président de l’ex-UDF, dont le Maire fut un temps membre. Sa responsabilité et celle de sa majorité ne peuvent être rejetées sur d’autres, il devra bien l’assumer. A force de repousser les conseils de la Chambre régionale des comptes (CRC), les injonctions du Préfet et même jusqu’aux décisions du juge administratif, on finit par se retrouver bien seul. Il reste encore quelques alliés de circonstance, la Députée ou encore le Directeur Général de l’EPA. Cela devient presque pathétique.
Bref, un Débat d’Orientation Budgétaire sans consistance, du réchauffé indigeste à force d’être servi et resservi, aucune vision stratégique, à court comme à moyen termes, et des polémiques à tire-larigot : il va proposer d’inscrire des subventions d’équilibre non acquises de 500K€. Ce qui est doublement ridicule : l’Etat ne les a pas accordées et, de plus, comme l’a souligné Nabia PISI, cette somme ne correspond à rien face au déficit et à la dette, « nous vous avons connu plus ambitieux à réclamer », a-t-elle dit. Ce n’est bien sûr pas à l’échelle et cela justifie pleinement le déféré que le Préfet ne manquera pas de faire auprès de la CRC, le 6ème en un an !
Puis il va inscrire 10M€ de bases fiscales non encore accordées, car en contentieux à ce jour. Je peux lui reconnaître sur le fond le bien fondé de ce contentieux avec l’Etat (pour une fois !) mais sur la forme, on ne peut prévoir et anticiper la décision du Conseil d’Etat en la matière. Et puis, comme il le dit lui-même, ce dernier n’a plus d’argent.
La force du maire ne réside pas dans sa capacité à sortir Bussy de la catastrophe mais bien à communiquer pour l’y préserver. Là, dans ce domaine, nous avons un maître.
Nous attendons avec impatience le Budget Primitif 2010 qui, selon mes premières analyses, comporte de belles surprises : mais je vous en dirai plus la semaine prochaine, chers bloggeurs.
Le reste du Conseil, motivé par l’urgence, a vu le vote d’un marché sur les purificateurs d’air pour lutter contre…la grippe A ! 40.000€ pour équiper la mairie de purificateurs d’air alors qu’aucune préconisation des autorités sanitaires n’est donnée, que la pandémie, si elle se renouvelle, entraînera en fonction de son niveau la fermeture des services publics, qu’il y a d’autres moyens de lutter contre la propagation du virus.
Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises : après s’être pris pour le Président du Conseil Général 93 en proposant un budget déséquilibré, il se prend pour Roselyne Bachelot en commandant des purificateurs après la grippe. Bussy est une ville riche et bien gérée, nous pouvons nous permettre des dépenses superflues, nous avons les moyens, puisque les impôts vont augmenter de 10% !
Bien entendu, j’ai émis un avis défavorable à ce marché en commission d’appel d’offre et Bussy Gagnant s’est opposé à cette délibération.
Enfin, autre dépense superfétatoire à inscrire dans nos feuilles d’impôts : le mandat donné au cabinet d’avocats Guedj, pour représenter les intérêts du maire contre les journalistes au vu des derniers articles parus dans la presse locale. Il est vrai que nos amis banquiers qui hésitaient à prêter de l’argent vont être convaincus dorénavant. Notre notation sur la dette doit équivaloir celle de la Grèce !
Mais, ne soyons pas mauvaise langue, le maire nous promet sur son blog que cela nous coûtera 30% moins cher. Il doit y avoir des cabinets qui pratiquent des ristournes ou des remises : après 3 actions en justice, la 4ème bénéficie de 30% de remise. Finalement, ce n’est pas cher.
Il est bien évident que nous avons voté contre cette nouvelle provocation : il est toujours plus facile de menacer la presse, d’insulter les journalistes lorsque l’on affiche une armada d’avocats, surtout quand la ville de Bussy paie. Mon groupe a proposé que le maire use de son droit de réponse afin de demander la rectification des passages estimés litigieux avant de dépenser les deniers publics. Une sage et saine décision pour nos deniers publics qui a été refusée en bloc par la majorité.
Je vous donne, plus sérieusement, rendez-vous pour le conseil du 17 mai qui devrait voir le vote du BP 2010. Nous verrons les conséquences que nous tirerons de ce vote car, outre son déferrement à la CRC par le Préfet, il y a des points qui soulèvent mon scepticisme. Le groupe Bussy Gagnant avisera en fonction des réponses qui lui seront apportées.